Niveau ou Classe Sociale n°03
Petite Bourgeoisie Terrienne
Parler de "Bourgeoisie" peut paraître saugrenu pour un mode rural essentiellement basé sur le travail manuel, mais il est important de comprendre que dans cette société du passé, 95% de la population vivait du travail de la terre ou de la vente de ces produits :
- Les journaliers salariés travaillaient la terre et recevaient souvent leur salaire de Maîtres laboureurs ou granger propriétaires qui avaient la capaciter de les payer, car ils vendaient une partie de leurs récoltes ou de leurs elevages d'animaux, quelle que soit leur nature, pour tirer un revenu supplémentaire qui leur permettaient d'acheter de l'outillage ou du bétail de trait pour être plus producifs.
- Ces Maîtres Laboureurs ou Grangers du Pays Charolais et Brionnais étaient stables car propriétaires de leur maison, étables, écuries et granges, ils étaient attachés à la famille de leur seigneurie héréditaire de tutelle, ils avaient l'habitude de monayer leur travail au service des régisseurs de vastes domaines, eux-même au service direct des seigneurs de tutelle ou de riches propriétaires citadins bourgeois marchands qui investissaient largement dans la propriété ou la location de grands domaines pour en tirer des revenus supplémentaires.
- Les régisseurs, marchand fermiers étaient ainsi les hommes de confiance rémunérés par les Seigneurs de petite noblesse qui leur confiaient la gestion et la comptabilité globale de leur Domaine Seigneurial.
- Les Seigneurs de petite ou grande noblesse vivaient ainsi des revenus de leur (s)Domaine(s) en nature, par exploitation des bois, perception de droit de péage, de droit de moudre, et d'impositions en nature ou en espèces sur leurs sujets etc....
Les Laboureurs sédentaires, propriétaires, employeurs de journaliers et de jeunes apprentis en tant que domestiques, servantes et commis de ferme, vendant leur service aux régisseurs de domaines seigneuriaux, constituaient ainsi une bonne partie de la "classe moyenne" de l'époque dans les campagnes majoritairement peuplées.
Ils avaient la capacité de louer des surfaces pour accroître leur récoltes, et même d'acheter des biens mobiliers ou immobiliers.
Même soumis par leur seigneur de tutelle, à l'ancestral "Droit de Mainmorte" qui prévoyait à leur décès, le retour de toute richesse amassée durant leur vie de labeur, ils transmettaient quand même leurs biens à leur descendance à la condition que les fils restent attachés au même Domaine Seigneurial, seule condition de levée de la maimorte mais qui garantie au Seigneur et sa propre descendance, un revenu constant, en fixant les laboureurs sur leur terres.
Cette classe moyenne de Laboureurs et Grangers était donc la colonne vertébrale du monde economique des campagnes. La plupart du temps illétrés, elle pouvait néanmoins témoigner de grandes qualités de négoce et marchandage et amasser un revenu bienau-delà de l'auto-suffisance alimentaire et pouvait ainsi croître et elever socialement sa descendance, pour peu qu'aucune grande calamité sanitaire ou naturelle ne surgisse trop fréquement.
C'etait donc en quelque sorte une classe de petits-entrepreneurs travaillant pour leur propre compte, signant très fréquement devant notaires des baux de locations, des contrats d'apprentissage, des contrats d'entrage dans des domaines, ...etc.
Très attachée souvent pendant plus de 10 générations au même domaine situé dans le même hameau, de la même paroisse, et soumis à la tutelle du même Domaine Seigneurial, cotoyant les mêmes familles auxquelles il s'alliaient de manière répétitive - et certes, quelque peu consanguine- toutes les 3 ou 4 générations, cette classe de la société faisait vivre son milieu et lui assurait son développement par l'esprit d'entreprise, de reconquete et de survie dont ele faisait preuve.
Très pieuse et soumise au dogmes de l'église, elle reproduisait systématiquement le modèle centré autour du foyer indestructible et engendrant une descendance multiple. En général, les aisnés héritaient du ou des domaines en location ou propriété des parents, et les cadets pouvaient parfois quitter le domaine familial pour s'installer dans celui de leur épouse, dotée par des parents n'ayant pas de descendance mâle. Les filles dottées en nature ou en argent, étaient promises à des époux de la même classe sociale et souvent de la même corporation de métier.
La notion de "mariage arrangé" ne peut être regardé par le prisme de notre société actuelle, mais au travers de celui de la société d'alors, ou le risque sanitaire, puis le risque économique primaient sur tout autre considération : arranger un mariage c'était d'abord tenetr de donner au nouveau couple un maximum de chance de sauvegarde et de survie dans le temps.
Et la chance maximale passait toujours par le maintien de l'activité économique déjà crée (le domaine agricole pour la plupart) et le maintien de la communauté familiale inter générationelle de vie solidaire autour de soi.